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Crédits : DR

François Delmotte
Un coup d’avance sur le mildiou
 

Les mots et les explications fusent. On sent François Delmotte passionné par son sujet. Ce chercheur de l’Inrae de Bordeaux est le coordinateur de la chaire Alexis Millardet créée l’an dernier pour aborder la lutte contre le mildiou sous un tout nouvel angle et avec l’aide de trois prestigieux châteaux du Bordelais.

« Il faut faire évoluer notre vision de l’épidémie de mildiou, dit-il. Contre toute attente, elle est peu clonale ; en fait, elle passe essentiellement par le sexe ». Traduisez : la multiplication du parasite par les zoospores, les fructifications du rot gris, n’est rien comparé à celle par les oospores, les œufs d’hiver qui se forment dans le mildiou mosaïque. C’est à ces derniers que François Delmotte compte s’attaquer avec Laurent Delière, de l’Inrae également, et Marc Raynal, de l’IFV, qu’il tient à citer comme ses alter ego au sein de la chaire.

Les œufs d’hiver se forment au sein des feuilles par la rencontre des deux types sexuels -1 et 2- du mildiou. Par ses travaux, François Delmotte a déjà éclairci les échanges d’hormones qui président à cette rencontre. Maintenant, il s’agit de trouver comment l’empêcher. L’enjeu est essentiel selon lui « Même une année comme celle-ci avec peu de pression de mildiou, il y a du mildiou mosaïque partout ; les contaminations sont massives, assure-t-il après s’être baladé dans les vignes cet automne. Or, cela forme l’inoculum pour l’année suivante, y compris pour les attaques tard en saison. »

Alors que pour tout le monde l’épidémie de mildiou commence au printemps, pour François Delmotte, l’essentiel se passe à l’automne. Avec la réduction -irrémédiable, semble-t-il- du nombre de fongicides autorisés, « il faut reprendre un coup d’avance sur le mildiou », assure François Delmotte. En brisant sa reproduction sexuée.


Bertrand Collard